Le jeune Rawdonnois Emanuel Kot représentera le Canada lors du Festival Panaméricain d’échecs de la Jeunesse qui se déroulera du 11 au 18 août prochain à Chicago. Cette compétition regroupera des joueurs d’échecs de partout à travers l’Amérique. Au cœur de la catégorie d’Emanuel, U16, une cinquantaine de joueurs seront présents, mais le Lanaudois en affrontera neuf lors de l’événement.
« Ça va me permettre de jouer contre de nouveaux adversaires! J’aime ça, mais en même temps je ne connais rien sur eux et je ne sais pas comment ils se comportent », a mentionné le jeune homme de 14 ans. Ce dernier se prépare de 6 à 7 heures par jour en vue de la compétition. Il analyse les ouvertures (la première phase d’une partie d’échecs) des 30 meilleurs adversaires de sa catégorie.
« Souvent, les joueurs répètent les mêmes ouvertures, alors je regarde ce qu’ils jouent et je prends des notes. De cette façon, je peux me préparer et connaître déjà quelques coups d’avance pour éviter d’être surpris! C’est vraiment plus une préparation psychologique. »
Pour le grand jour, il n’aura toutefois pas besoin de ses notes, puisqu’il aura tout mémorisé. « Tu dois te rappeler de tout, les positions et les plans! Les échecs c’est vraiment un exercice pour la mémoire. Plus tu en fais, et plus elle se développe! »
Il se prépare en jouant des parties sur Internet, mais surtout en lisant des livres et en analysant des positions avec un programme sur son ordinateur. Lors de ses parties en ligne, il affronte des adversaires de partout à travers le monde, mais il s’agira de la première fois qu’il participera à une compétition en présentiel à l’extérieur du Canada. Ce sera aussi la première fois qu’il jouera au sein de la catégorie U16.
« Mon objectif est vraiment de gagner ce tournoi afin d’obtenir un titre. Cela me permettrait de jouer en ligne contre des adversaires qui figurent parmi les dix meilleurs au monde. » Ses entraîneurs, qui sont de grands maîtres de la discipline en Pologne, ont mentionné qu’Emanuel est très bien préparé et qu’il pourrait causer plusieurs surprises.
De grands exploits
En mars dernier, Emanuel a notamment remporté le Championnat jeunesse Blitz du Québec dans la catégorie U18 (le blitz est une sorte de partie dans laquelle chaque joueur dispose de cinq minutes seulement au total). L’année dernière, il a également terminé vice-champion, dans la catégorie U14, lors du Championnat canadien qui se déroulait à Hamilton en Ontario. « Après deux rondes, j’étais très sûr de moi, je voyais que j’avais de la facilité à jouer de bonnes parties! »
Emanuel a avoué qu’il n’est cependant pas toujours aussi confiant et qu’au début, il avait plus de difficulté à gérer son stress. « Avant un tournoi, je n’étais même pas capable de manger! » Il a toutefois appris à contrôler cela, car l’aspect psychologique fait toute la différence aux échecs. Le jeune athlète a d’ailleurs expliqué que certains de ses adversaires ont de la difficulté à se remettre d’une défaite et que cela diminue beaucoup leur confiance, mais que ce n’est heureusement pas son cas. « Si je perds, je vais analyser ce que je n’ai pas bien fait, mais je vais jouer normalement par la suite. Il ne faut pas être nerveux, sinon c’est terminé! »
Emanuel avait participé à son premier Championnat canadien, en ligne, en 2021. Il avait alors terminé troisième. Puis, lors de cette même année, il s’était classé premier lors du Défi échiquéen Québec qui est organisé par niveau scolaire.
Grâce à son grand nombre de points, Emanuel peut également participer à des tournois et jouer contre des adultes. Il a d’ailleurs évoqué que son objectif à court terme est d’augmenter sa cote (un chiffre qui représente la force d'un joueur). À titre d’exemple, la cote d’un grand maître se situe environ à 2500. La cote d’Emanuel au Canada est de 2140. Il a toutefois expliqué que comme le Québec a sa propre fédération, il est plus difficile pour les Québécois d’obtenir des points au sein de la Fédération canadienne.
Historique familial
Emanuel est né en Pologne et est arrivé à Rawdon lorsqu’il était âgé de trois ans et demi seulement. Sa famille a toujours eu une relation particulière avec les échecs et le père du jeune homme, Marcin Kot, a brièvement élaboré cette histoire familiale. « C’était interdit chez moi de jouer aux échecs. Mon grand-père l’avait interdit à mon père, car il trouvait que ça rentrait trop dans la tête et c’est vrai, si on ne fait pas attention, on voit juste des échecs partout! »
En arrivant au Québec, Marcin Kot s’est dit que son fils aimerait peut-être ce jeu et a décidé de lui apprendre. Emanuel avait environ cinq ans et le coup de foudre n’a pas été immédiat. C’est à force de jouer et de s’entraîner qu’il a développé une passion envers cette discipline. Il a fait partie du club d’échecs les Fous pas fous de la bibliothèque Rina-Lasnier et c’est à ce moment que son talent a été découvert.
Cela n’a pas pris de temps, que c’était maintenant le jeune garçon qui apprenait à son père comment jouer. « Plus je gagnais et plus j’avais envie de m’entraîner! Ça me stimulait de trouver comment mieux penser et mieux calculer que l’adversaire!»
Il a effectué son premier tournoi à l’âge de huit ans et a terminé dans le top 10 des joueurs de la province. Puis, c’est à l’âge de 13 ans qu’Emanuel a commencé à jouer des parties lentes, puisqu’il faisait surtout des blitz jusque-là.
« Avant, il était trop jeune pour rester assis pendant cinq heures! Ça ne paraît pas, mais c’est un très grand dépassement d’énergie de penser de façon intensive pendant aussi longtemps, ça demande énormément de concentration! Les échecs sont d’ailleurs considérés comme un sport en Europe», a expliqué Marcin Kot.
Son fils a confirmé en mentionnant qu’avant, il aurait trouvé cela trop long, mais que maintenant il aime cela, même s’il préfère encore les blitz puisque l’adversaire détient moins de temps pour penser et que cela permet à Emanuel de lui mettre plus de pression.