Cela fait maintenant une décennie que la Ferme Gross et Fils a adopté diverses techniques de culture, s’inscrivant dans une agriculture qualifiée de « bio-régénérative », sur une surface de près de 2000 acres. À titre de comparaison, selon le dernier Recensement de l’agriculture (2021), la MRC de D’Autray comptait 436 exploitations agricoles; de ce nombre, il y en avait seulement six dont la superficie était de 1600 à 2239 acres et seulement une qui dépassait les 2240 acres. Dans une production biologique de cette taille, Jean-François Gross est donc un pionnier dans la région. Pour lui, l’objectif de la journée « c'est de partager avec d'autres agriculteurs notre savoir-faire et de promouvoir l’agriculture bio-régénérative ».
Les participants présents ont notamment pu assister à une conférence de Julie Breault, agronome pour le MAPAQ, qui montrait les résultats de tests sur la densité et la compaction du sol.
L'agriculture bio-régénérative est une approche agricole qui combine les principes de l'agriculture biologique avec ceux de l'agriculture régénérative. Elle vise non seulement à éviter l'utilisation de produits chimiques et de pesticides, comme le fait l'agriculture biologique, mais aussi à améliorer activement la santé et la fertilité des sols, ainsi que la biodiversité et la résilience des écosystèmes. C’est le cas de la Ferme Gross et Fils, mais une production agricole ne doit pas forcément être biologique pour adopter une pratique régénérative.
Selon Viviane Kaloxilos, co-organisatrice de la journée et fondatrice de Docterre, les définitions peuvent toutefois varier, car il n’y a pas de consensus à propos de ce qu’est l’agriculture régénérative. Pour sa part, elle propose de la définir simplement comme « une agriculture qui augmente chaque année la richesse et les ressources dans un écosystème agricole, dans les sols, au lieu de juste le soutenir ou même de le dégrader ».
Parmi les principes de l’agriculture régénérative mis en place par Jean-François Gross dans son exploitation, il y a notamment la réduction, ou même l’élimination, du labourage pour préserver la structure du sol et permettre aux micro-organismes de prospérer. Il y a également la culture sous couvert végétal en utilisant des plantes de couverture pour protéger et enrichir le sol entre les cycles de culture principale.
Certes, le choix d’adopter une agriculture à la fois biologique et régénérative nécessite des adaptations, mais M. Gross y voit une manière concrète de lutter contre les changements climatiques et de s’y adapter. « L'agriculture régénérative c’est une manière de protéger l'agriculture du futur et de contrer le défi posé par les changements climatiques. Moi, je conserve un couvert végétal en permanence et ça aide à garder l'eau dans le sol. Le sol ne doit jamais être à nu au soleil. Plus on va avoir chaud, plus le sol va avoir chaud, plus il va être détruit », affirme-t-il.
Pour l’illustrer, il donne l’exemple suivant : « Il pleut toutes les semaines et les champs inondent toutes les semaines. Mais nous, il n'y a pas d'eau dans nos champs, parce que le sol est en mesure de l’absorber. » Comme pour lui donner raison, au moment de faire l’entrevue, la forte pluie et le risque d’orages violents sont venus perturber l’horaire de la journée en forçant les organisateurs à devancer la visite des champs. Pour l’agriculteur, il semble évident que la résilience de ses champs face aux conditions météorologiques extrêmes démontre qu’il a fait le bon choix en adoptant l’agriculture régénérative. « La chose la plus importante qu'un agriculteur a, ce n'est pas son tracteur ou ses machines, mais c'est le sol. Sans un sol en santé, il n’y a pas d'agriculture possible. L'agriculture moderne détruit les sols, tandis que l'agriculture régénérative remet les sols en vie », conclut-il.
Selon le Rodale Institute : « Robert Rodale a inventé le terme « bio-régénératif » pour décrire une approche holistique de l'agriculture qui encourage l'innovation continue et l'amélioration des mesures environnementales, sociales et économiques ». Source : https://rodaleinstitute.org/fr/why-organic/organic-basics/regenerative-organic-agriculture/.
Pour en apprendre plus à propos de l’agriculture régénérative au Canada, vous pouvez vous référer, entre autres, à l’organisme à but non lucratif Régénération Canada à l’adresse suivante : https://regenerationcanada.org/fr/.
Docterre est un service de consultation et de laboratoire sur la vie des sols, situé à Labelle dans les Laurentides, qui se spécialise notamment dans « la microscopie de la vie du sol, la production de compost et d'inoculum écologiquement complets, les extraits de compost et les thés, les systèmes mécaniques et vivants qui accompagnent ces technologies, ainsi que la mise en œuvre de stratégies de régénération des sols personnalisées ».
Écocert Canada est une filiale du groupe Écocert. Leur rôle est d'accompagner les acteurs des industries agroalimentaires, textiles, cosmétiques et autres, dans le déploiement et la valorisation de pratiques durables à travers la certification, le conseil et la formation. Ce sont eux qui délivrent la certification Agriculture biologique Canada.